En 2015,
Stéphane Titeca a remporté le Grand Prix du Théâtre, un concours d’auteur qui permet à chacun, dramaturge confirmé ou en herbe, de voir son œuvre
représentée, éditée et filmée. A l'occasion d'une représentation dans nos murs, nous l'avons interviewé.
Stéphane Titeca est un auteur dramatique qui a écrit près d’une trentaine de pièces lesquelles s’essaiment joyeusement dans les théâtres francophones du monde entier depuis près de 25 ans. Éclectique, entre la comédie, le drame, le théâtre jeune public, il ne veut pas choisir.
A l’âge de 7 ans, alors que certains vont voir les vitrines d’Haussmann, Stéphane Titeca prend une place pour la Comédie Française ; en sortant, il avait trouvé une voie à suivre, celle des planches ; et depuis il les arpente frénétiquement, au travers du jeu de la direction ou de l’écriture.
Créateur et principal animateur de la Tite Compagnie, il ne conçoit pas son théâtre comme une seule construction intellectuelle ou purement littéraire mais en s’appuyant sur l’expérience du jeu, ce qui n’exclut pas qu’il puisse s’abandonner à son principal vice : jouer avec les mots.
Était-ce évident dès le début que vous interpréteriez le rôle de Raoul ? Si Oui, y avez-vous pensé lors de l’écriture ? Pouvez-vous nous parler de votre rôle dans Le Choix des Âmes ?
Je n’ai pas écrit Raoul pour moi, j’ai écrit le rôle pour un autre comédien. A deux mois de la première il a dû quitter le projet, j’ai repris le rôle j’ai dû le réécrire dans la nuit pour l’approcher de moi (au niveau de l’âge). Mais à ce moment le lien qui l’unissait à Franz dans l’empathie était rompu, Raoul est donc devenu légèrement déficient mental et j’ai retravaillé la psychologie de leur rapport.
C’est la première version qui a été Lauréate du grand prix, et pourtant née de cette contrainte, la nouvelle version en est sortie plus forte et plus belle à mon sens.
Comment le choix d'Alexis Desseaux pour le rôle de Franz s'est imposé ?
Pour Franz du coup, je pensais à Alexis lors de l’écriture ; c’est de notre rencontre que m’est venue l’envie d'écrire Le choix des âmes, on avait parlé de cet échange et l’idée est venue de parler de l'élévation personnelle .
Puis ensuite, quiconque voit Alexis sur un plateau, sait qu’il n’y a pas de retour en arrière possible …
Parlez-nous de votre metteuse en scène ? Comment l’avez-vous rencontrée ? Comment se passe votre collaboration ?
Valérie Lesage est une femme de grand talent. Nous travaillons ensemble depuis un moment. Au début du montage du Choix des Âmes, je devais mettre en scène et lorsque j’ai repris le rôle, il me fallait une belle personne. J’ai envoyé le texte à Valérie sans rien lui dire, je lui ai demandé ce qu’elle en pensait. Puis, je lui ai demandé si elle voulait bien le mettre en scène, elle m’a dit que c’était un très beau cadeau.
Lors du travail Valérie a su prendre sur elle l’immense pression que j’avais, elle a rendu des choses complexes, évidentes. Et pourtant, elle avait l’auteur sur le dos, qui était aussi le producteur et le comédien … elle reprenait une mise en scène avec une scénographie qu’elle n’avait ni pensé ni choisie … elle a fait un travail admirable. Notre amitié en est sortie renforcée, j’ai beaucoup d’admiration pour elle.
Si vous deviez choisir quelques mots pour qualifier Le Choix des Âmes ce serait … ?
Une belle aventure, une belle équipe, on a vécu la pression du temps, nous avions 17 jours pour créer. Toute l'équipe (Guillaume Druel s'est occupé de l'univers sonore et de la création musicale, Danièle Marchal de la scénographie, Léa Caraballe des costumes et enfin Clément Monmarché de la Régie lumière et son) a vécu des heures de grâce ; malgré le travail, les retards, les embûches inhérentes à tout acte de création … c’était un moment magique.
Alors, quand en plus le public plébiscite le projet par un prix (qui est arrivé en cours de travail) cela nous
encourage encore ... on ne peut dire que ... quelle chance et quelle belle aventure.
On a déjà écrit sur la Grande Guerre, où se situe votre originalité ?
Le choix de la situation s’est imposé en premier : il s’agissait de trouver un endroit où l’homme est censé donner le pire de soi, pour qu’il y donne le meilleur : le trou, l’enfermement était le meilleur moyen du huis clos. Ensuite, la guerre devenait une évidence. Néanmoins, ce texte ne parle pas de la guerre, mais des hommes, des hommes dans la guerre. Si tout est historiquement vrai et vérifiable, le propos n’a pas été de trouver un autre angle sur cette guerre, ce qui serait un peu prétentieux.
Si vous deviez « pitcher » votre spectacle en 140 caractères ce serait … ?
Un Allemand cultivé et humaniste, un Français rural et revanchard, bloqués dans un trou ils n’ont rien de commun et pourtant s’ils ne s’entraident pas ils vont mourir tous les deux.
Merci à Stéphane Titeca pour son sens du partage et sa disponibilité
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Eve Bénomard (samedi, 26 septembre 2015 00:26)
Je viens de voir la pièce. Impressionnée, touchée, émue, j'ai vraiment passé un moment unique ! Merci pour ça.