A l'occasion de la représentation le 2 Octobre prochain à 20h30 de la pièce Les Amours Inutiles, nous avons interviewé Eric Vanelle, qui a adapté et mis en
scène la pièce mais également qui en est l'un des protagonistes.
Pouvez-vous retracer les grandes lignes du parcours qui vous ont amené sur les planches ?
J’ai au départ une formation scientifique. En effet j’ai obtenu une thèse en physique des semi-conducteurs à l’université Joseph Fourier de Grenoble, puis je suis parti au Japon une année et, à mon retour j’ai intégré l’INSA de Toulouse comme enseignant – chercheur. C’est à ce moment que le virus du théâtre m’a repris. Je me suis formé notamment au théâtre Le Hangar mais c’est l’ouverture en 2003 du Théâtre du Grand Rond, que j’ai co-fondé avec quelques amis, qui m’a fait basculer à 100% dans le théâtre, que ce soit sur scène, à la mise en scène ou dans la vie au quotidien d’un lieu de diffusion devenu en 12 ans un lieu de référence dans l’accompagnement des compagnies de Midi-Pyrénées.
Comment est née la collaboration entre la Compagnie de L'inutile et celle de Ma Muse ? Comment se sont rencontrés les Comédiens ?
J’ai rencontré Laetitia Bos en 2000 dans un groupe de comédiens que nous avions appelé le TSP et avec lequel nous montions un spectacle par mois, spectacles que nous jouions dans les bars et partout où nous pouvions. Nous avons travaillé, la première fois, la nouvelle « La Parure » de G de Maupassant. Depuis nous travaillons ensemble sur quasiment tous les projets et il était plus que naturel que les spectacles d’après Maupassant soit une coproduction entre la compagnie de Laetitia et la mienne.
Après Les Beautés Inutiles, vous venez nous offrir les Amours inutiles, qu'est-ce qui raisonne en vous chez Maupassant ?
La mise en scène de La Parure m’avait été imposée ! Au sein du TSP on se répartissait les tâches et, absent lors d’une réunion, il m’avait échu celle là. A moi qui détestait
Maupassant ! Je détestais sans connaître et, forcé de lire, forcé à le travailler, le choc n’en a été que plus grand. Le coup de foudre a été total. C’est son amoralité (et pas immoralité), sa
curiosité, son absence de complaisance et, surtout son humour constant qui raisonne en moi.
Quel est le fil rouge des quatre nouvelles que vous avez associés dans un seul et même spectacle ?
L’amour ! Comment le mensonge, une touche de voyeurisme ou un adultère peuvent… sauver un couple. Comment la vérité peut tuer un amour. Comment aussi, et c’est le cœur du spectacle, la femme moderne née à la fin du 19ème siècle, passant de l’état de « femelle » à celui de femme sous la plume de Maupassant dans la nouvelle l’Inutile Beauté.
Si vous deviez choisir un mot pour qualifier Les Amours Inutiles ce serait … ?
Complice
La création de la pièce étant un instant crucial comment s’est-elle passée ? (Décors, mise en scène ….)
Les Amours inutiles est le second volet d’un dyptique sur Maupassant, le premier étant Les Beautés inutiles. Nous avons beaucoup appris du premier et, pour dire la vérité, cette création s’est passée sans aucun problème. J’ai l’impression que nous avons réussi à garder ce qui faisait l’originalité du premier en gommant certains défauts que le temps avaient fini par révéler. C’est l’aventure le côté Langue des Signes qui a donné à cette création un côté totalement unique.
Qu'apporte quelques choses d'aussi visuel que la langue des signes au texte de Maupassant ?
C’est un complément idéal aux textes ciselé de l’auteur. Mais c’est avant tout une langue et le texte de Maupassant a été traduit dans cette langue. Et comme toute traduction, le résultat est un nouvel objet, imprégné d’une autre culture, la culture sourde. Nous avons ainsi la chance de voir et d’entendre un même texte, en même temps et par deux prisme différents. C’est unique.
Créé 100% en langue des signes, il existe désormais en version bilingue, qu'est-ce que cela a changé ? Quels ont été les difficultés rencontrées ?
Il existe 3 versions du spectacle. Une version parlée, à trois comédiens créée en 2012, une version 100% LSF avec 3 autres comédiens (2 sourds et une comédienne bilingue) créée en 2013 et la version bilingue créée en 2014 qui est le résultat de la rencontre de deux spectacles. Il n’y a pas eu de difficulté particulière pour les deux premières versions, cela reste une création. L’aventure de la version bilingue a été un moment magique car nous étions tous conscient qu’une telle expérience n’avait jamais été tentée comme cela. Quand nous nous sommes retrouvés tous les 6 avec les deux spectacle dans la tête et le plateau devant nous il y a eu un moment de vide assez délicieux. Comment fait-on ? Par quoi commence-t-on ? Nous avons défriché un morceau de chemin et nous l’avons fait avec beaucoup de passion. Je n’ai pas souvenir que nous ayons rencontré de réelles difficultés.
Comment avez-vous été sélectionné par le festival ORPHEE ?
Grace au passage à l’International Visual Theatre et au travail de notre chargée de diffusion Maryline Vaurs. C’est Marie Brien qui a pris la suite de ce travail fondamental dans la vie des spectacles et d’une compagnie.
Si vous deviez « pitcher » votre spectacle en 140 caractères, comme sur Twitter, ce serait …. ?
Une plongée canaille et résolument moderne dans l’œuvre de Maupassant. 4 nouvelles qui dissèquent l’amour, en Français et en Langue des Signes.
Merci à Eric Vanelle pour sa disponibilité.
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