Passer de la littérature à la dramaturgie, n’est-ce pas un exercice par trop intellectuel ?
Non au contraire. La littérature est le lien direct avec la dramaturgie qui engendre le verbe, le texte vivant, la parole qui donne corps au verbe susceptible de nous procurer une émotion différente de celle de la lecture de la littérature. Pas nécessairement plus performante mais elle ouvre un nouveau chemin passionnant en ce qui concerne toutes les formes d'émotions réunis par la présence du corps de l'être humain, les gestes et les sons. Le goût de lire est un héritage du goût de dire...
Qu’est ce qui fait que l’on accepte un acteur seul en scène dans un texte romanesque ?
Tout mot écrit est un prétexte à être dit un jour... Cela ne dépend que de l'envie de transmettre ce mot. La difficulté d'écrire pour le théâtre, le temps consacré pour si peu de débouché, a fait que le théâtre s'est emparé du texte romanesque. Reste l'indispensable pour éviter la lecture, il faut adapter et rendre le verbe le plus vivant possible. C'est quelquefois aussi long que d'écrire un bouquin...
Après le succès records de ton spectacle « Motobecane », comment appréhende-t-on une nouvelle aventure ?
Ca fait peur... Oh oui, bien sûr... J'ai joué sept saisons "Monsieur Motobecane" au festival d'Avignon et je serai encore présent cet été en alternance avec "Le Cancre", un jour sur deux. Voilà comment on peut aussi aimer faire du théâtre, en changeant de peau un jour sur deux. On vit deux fois plus intensément. En fait je vais plonger vers l'inconnu. On repart à zéro et c'est ce qui est bien avec ce métier. Comme si à chaque création, on poussait pour la première fois la porte d'entrée d'un cours d'art dramatique...
Tu racontes avoir une totale osmose avec l’oeuvre de Pennac, cela ne pénalise-t-il pas le discernement sur le sujet ?
Au contraire, cela devait permettre de gagner en authenticité sur le jeu de l'acteur. C'est Daniel Pennac qui est venu me voir dans mon précédent spectacle et après discussion, face à son enthousiasme, il m'a fait signe qu'il me donnait toute liberté pour l'adaptation de ses œuvres. Je me suis précipité sur "Chagrin d'école", et fait immédiatement le parallèle de nos vies, deux frères jumeaux sur les bancs de l'école qui ne réussissaient pas à comprendre dans les temps. Daniel Pennac, lui, a été sauvé par quelques miracles de professeurs qui lui ont mis la tête hors de l'eau et moi par une merveille de prof d'art dramatique, un poète...
"Le Cancre", est-ce l’apologie du fainéant ou l’histoire d’enfants non adaptés au système scolaire ?
Le Cancre n'est pas toujours un fainéant, il ne rechigne pas systématiquement à travailler. Il a très souvent d'abord un certain temps de retard pour être dans les temps dans la vie, il se retrouve en queue de peloton et si la chaîne casse à un certain moment, il est beaucoup trop perdu pour rattraper le peloton. Il reste à pédaler définitivement sur une roue déraillée... Il devient un cancre.
Nombre de comédiens médiatisés aiment se flatter d’avoir été des « Cancres », est-ce un passage obligé pour le talent ?
Heureusement tous les comédiens n'ont pas été des cancres. C'est simplement que l'on retrouve beaucoup d'artistes qui ont eu des difficultés à suivre l'enseignement pour de multiple raisons du fait qu'ils n'étaient pas dans le bon timing. On revient toujours au même refrain. Soit ils étaient des rêveurs, des révoltés contre toutes formes de systèmes, des hyperémotifs ou des défavorisés notoires dans leur univers familial. Et un beau jour, d'autres chemins s'ouvrent devant eux et ils s'y engouffrent souvent avec frénésie pour se prouver à eux-mêmes et aux autres qu'ils étaient des cancres malgré eux. On les retrouve alors un peu partout dans le sport, les arts, ou les tournois de poker...
Ta conclusion d’artiste ?
L'artiste... ? Ah.... L'artiste...? Choisir ses mots, c'est décider de sa vie !
Merci beaucoup à Bernard Crombey.
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