Interview de Sophie Ponthier, Directrice artistique et Chorégraphe de l'Atelier Chorégraphique & des Ballets Artémis

VIOLIN CONCERTO & TOCADES     Vendredi 15 avril 2016 - 20h30


Pour un spectateur qui ne serait pas sensibilisé à la danse quels seraient les mots clefs qui pourraient susciter sa curiosité ?

 

Une expérience à vivre, un spectacle poétique, différent et vivifiant à voir en famille aussi bien qu'entre amis. Il n'y a pas d'âge pour apprécier ce qui est beau !

 

Peut-on travailler avec des espoirs sortis de hautes écoles, comme un vrai chorégraphe, ou reste-t-il encore une part de pédagogie à préserver ?

 

J'ai envie de répondre : "qu'est ce qu'un vrai chorégraphe ?".

Est-ce le genre de chorégraphe qui se prend très au sérieux, qui est encensé par la presse intellectuelle... Ou  bien est-ce le chorégraphe qui vous met sous pression, vous met mal à l'aise dans l'espoir que vous vous donnerez plus s'il vous toise de son regard.

 

Ou bien, est-ce à l'image de M. Balanchine, de Jérôme Robbins ou de Serge Lifar, des fortes personnalités mais également des êtres sensibles qui vous invitent à donner le meilleur de vous-même en créant une relation de confiance et en étant d'une grande générosité dans le travail.

 

Pour moi, être chorégraphe est le prolongement de ma carrière de danseuse et de professeur. Si j'aime obtenir une prestation fidèle à ma vision initiale, je sais qu'il faut parfois transmettre son savoir-faire technique pour régler un problème sur un enchaînement de pas et ne pas hésiter à partager son expérience d'artiste pour obtenir le résultat voulu.

 

J'ai tendance à croire que tous les danseurs professionnels, et à plus forte raison les danseurs pré-professionnels, quel que soit leur âge et tout au long de leur carrière, sont d'éternels élèves et qu'ils ont besoin d'être accompagnés. Ils abordent chaque nouvelle création, chaque reprise d'un rôle du répertoire classique, comme une opportunité d'évoluer, de grandir et d'élargir le spectre de leur capacités et de leur talent. C'est donc une chance renouvelée d'apprendre. Apprendre de l'autre, qu'il soit le chorégraphe, le répétiteur ou le partenaire.

 

Comment écrit-on une chorégraphie ?

 

Si écrire fait référence à la création, c'est pour moi avant tout une idée, une émotion ou la musique qui fait germer l'envie de chorégraphier.

 

Ensuite, les mouvements ou les pas naissent dans ma tête. Ils s'invitent au détour d'un cours que je donne, d'un rêve la nuit, d'un moment calme. Je ne sais jamais quand l'idée va venir frapper à ma porte et finalement la chorégraphie presque construite s'impose comme une évidence en répétition avec les danseurs.

 

Pour le 1er ballet "Violin Concerto", j'ai toujours aimé cette pièce de Philipp Glass. Si elle est mélancolique voire sombre sur le 2ème mouvement, elle dégage une énergie qui semble nous clamer que tout est possible tant que l'on continue à avancer dans la vie. J'ai eu envie de partager cela avec nos jeunes danseurs et d'insuffler cette énergie aux spectateurs parce qu'en ce moment je crois que nous avons tous besoin d'énergie pour continuer à avancer.

 

Pour le deuxième ballet "Tocades", j'ai eu envie de créer un ballet amusant et plein d'humour qui tordrait gentiment le cou aux idées reçues sur le monde de la danse classique : les danseuses classiques évanescentes et un peu mièvres avec en contrepoint le monde de la danse impitoyable "machine à broyer les faibles" (ce n'est pas de moi, c'est Brigitte Lefèvre, ancienne directrice du Ballet de l'Opéra de Paris qui disait cela de la vénérable institution qu'elle dirigeait).

 

Un divertissement charmant doublé d'une petite pointe de piquant.

 

Je reviens à votre question, si "écrire" fait référence à l'écriture - notation de la danse ; il existe bien des systèmes de notation (Benesh, Laban,etc...) mais je ne les utilise pas. Je préfère de loin me servir de la vidéo. A l'ère des téléphones portables, c'est l'outil le plus fiable et le plus facile d'utilisation.  C'est également un outil instantané vecteur de progrès pour les danseurs comme pour le chorégraphe. Quand ça ne marche pas, ça se voit ! et ce n'est pas toujours de la faute des danseurs. (rires).

 

 

Comment peut-on faire entendre un récit sans oralité, juste avec le mouvement ?

 

Le language du corps est universellement vecteur d'émotion. Si l'on se laisse embarquer par l'atmosphère, les émotions se dégagent de la chorégraphie, inutile d'être un expert technique, pour vivre un moment d'exception.

 

 

Passer du répertoire classique à la production d’une oeuvre nouvelle est-ce une ambition naturelle, ou une lassitude des pièces anciennes ?

 

Ni l'un, ni l'autre. Je n'ai pas d'ambition particulière en tant que chorégraphe et je ne me lasse pas des magnifiques oeuvres du répertoire qui sont encore admirablement vivaces. J'avais juste une envie de vivre une nouvelle aventure qui me tentait depuis longtemps. Les conditions étaient enfin réunies. Nous verrons ce qu'en pense le public.

 

Pour votre première expérience de mise en espace sur un sujet totalement imaginé par vous et créé de toute pièce dans votre imagination, se sent-on stressé, fébrile, enthousiaste ?

 

Le processus de création avec les danseurs a été grisant.

Je me sens extrêmement enthousiaste, pleine d'énergie et de joie à l'idée de partager avec les spectateurs et les danseurs une autre facette de ma personnalité.

 

Qui êtes-vous vraiment Sophie Ponthier ?

 

Bonne question ?

Il y a 15 ans, je vous aurait répondu je suis danseuse soliste dans une grande maison d'opéra européenne.

Il y a encore deux ans, je vous aurais répondu, je suis un professeur de danse classique passionné et je suis la directrice artistique d'une belle école qui accueille plus de 150 danseurs amateurs et des pré-profesionnels. J'aurais pu ajouter que j'étais également la maman d'une petite fille adorable (je suis sans doute comme beaucoup de mères, pas tout à fait objective) et une épouse patiemment épaulée.

Aujourd'hui, je suis tout cela et chorégraphe. J'ai l'immense joie de pouvoir vivre toutes les facettes de mon art et de ma personnalité au quotidien. Et je n'ai jamais le temps de m'ennuyer.

 

Merci à Sophie Ponthier pour sa disponibilité et son enthousiasme !

Informations & Réservations au 01 30 07 10 50 ou sur www.theatredefontenay.com

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Nastya (lundi, 18 avril 2016)

    Je m'attendais à mieux après un article aussi assuré. Les chorégraphies restent assez simples : rien d'incroyable à l'horizon. Placements parfois archaïques, jambes mal tendues à plusieurs reprises... Je ne suis pas partisane de la critique gratuite mais un brin d'humilité serait un bon gage de professionnalisme.